Les Songes du Poète

Le poète, d'un regard admiratif,
Observe la vaste étendue verdoyante,
Les ruisseaux et les sentiers gris qui serpentent.
Les oiseaux, pour lui, invité, chantent
Lorsque la montagne devient rougeoyante,
Et que les verts éventails sont dans l'attente.

Le jour revenu, pleins de vie ils reprennent
Leurs mouvements doux, gracieux et enchanteurs,
soufflant sur l'écrivain, à leurs pieds songeant.
Il ignore les mauvais esprits, rageant
De ne point pouvoir lui transmettre, menteurs,
Des paroles qui son inspiration freinent

Le chat roux vient le chercher pour le guide
Dans le dédale, magique, de verdure
Jusqu'à la clairière aux papillons dansants.
Le félin s'assied à ses pied, enlaçant
De sa queue la plume dont l'encre bleue dure
Éternellement pour ceux qui l'ont aidé.

Il monte sur un rocher, et sort son luth
Afin de remercier ses inspirateurs
Qui répondent d'un si beau balancement.
Il descend, songeant au recommencement
du chant, apprécié de ses admirateurs
Qui le soutiennent dans sa justifiée lutte.

Il se promène tout au long des sentiers
Suivant du regard les volutes dorées,
Symboles de son inspiration qui vit.
Le chat le conduit par les bois pleins de vie,
Vers la belle demeure tant adorée,
Où il continue d'exercer son métier.

Le poète sait que ce lieu inviolable
Est sa bibliothèque, son secret jardin,
Et son carnet, si vert, où il peut écrire.
au coeur de son sommeil il entend les rires
Aussi précieux et rare que le ladin,
Venant de son livre posé sur la table.

Définition : "ladin" : langue parlée par environ 30.000 personnes en Italie, langue minoritaire.
Sens : - le félin tient la plume qu'utilise le poète, car il est en quelque sorte partie intégrante de lui (il est son guide dans ses propres pensées) et ceux qui aident le poète se souviennent toujours de ses écrits
- "justifiée lutte" : rappel de son combat contre les mauvaise idées, destructrices de l'inspiration, évoquées précédemment.
- "belle demeure" : maison dans ses pensées, ultime refuge, finalement construction en abîme : le poète, chez lui, songe, et se réfugie dans son esprit dans une autre maison... Ultime refuge de son âme créatrice
- "les rires" : des arbres, mais plus généralement de tout ce qui vit dans son esprit
Caractéristiques : sizains de hendécasyllabes, rimes embrassées.