Préface : L'Immortel Sablier

Le Temps qui passe est sans aucun doute la plus véridique des vérités… Cela n’est pas paradoxal, car on peut toujours tenter de changer ce qui nous entoure, l’âme humaine, contrer des lois de la nature, mais empêcher le temps de s’écouler, temps qui est symbolisé dans les allégories par un immense sablier dont les infimes grains de sable s’écoulent à l’infini, avec un rythme bien plus rapide que les vaines espérances des humains, petits face à cette immensité transparente, est impossible. Nous tentons tous de contrer cette vérité comme les autres, mais nous sommes condamnés à nous heurter à un échec souvent représenté par la condamnation inéluctable de voir notre propre vie emportée par le tourbillon de sable dans le goulot séparant existence de mort. Tout est condamné, nos souvenirs, notre vécu, notre esprit … Même les arbres sont condamnés, eux qui pourtant semblent se moquer des siècles parfois ! Tout, sauf les sentiments, qui sont éternels, car nous les éprouverons tous. Jusqu’à ce que la Vie soit à son tour engloutie…
Les seuls témoins de notre vie sont les écrits, qui semblent toujours existants, ou alors sous le sable, mais proche de la surface. Les lettres semblent pouvoir survivre à tout, peut-être même au Sablier ! Même si de nombreuses œuvres finissent par disparaître elles-aussi… Mais c’est un espoir, une chance ! Après tout, de nombreuses personnes ne doivent la connaissance de leurs noms aujourd’hui qu’aux écrits ! La littérature, ce mont ancestral où chaque écrivain apporte sa pierre, immense ou méritant plutôt le nom d’humble caillou, qui chante aussi le temps, s’attire peut-être par-là la considération de ce qui n’est pas réellement un ennemi, mais un simple destin commun à toute chose.
Mais ce Sablier n’est-il pas condamné à être emporté par son propre sable, comme toute chose existante ? A moins qu’il n’existe pas réellement, même s’il dirige tout en ce monde ? Un autre paradoxe. Et briser le verre de cette immensité ne ferait que mettre une fin à toute chose. Mais qu’adviendra-t-il lorsque tout le sable se sera écoulé ? Le Sablier se retournera-t-il, recommençant tout mais par la fin, ou alors tout sera fin ? A moins que les grains ne cessent de s’écouler…
Mes chants de la Nature, des sentiments éprouvants, du désarroi, de la solitude voulue ou subie, du pouvoir des lettres et des écrits, ne font que suivre le rythme du Sablier, et même s’ils finiront emportés par le sable de celui-ci, j’aurais pu écrire, et cela sera sans doute la plus grande joie, peut-être plus que de survivre au Temps, car je ne saurais jamais si cela est arrivé…
Suivez les ondulations du Temps, des Ecrits, du Vent, des Sentiments à travers ces Poèmes du Sablier, dédiés à cette transparence qui régence tout…